Chère Lenteur,
Je t’écris cette lettre avec l’espoir que tu répondes à mes interrogations.
Je me demande pourquoi tu ne viens que, ou presque, dans les mauvais moments, par exemple, au moment de marcher sous un déluge d’eau tombant du ciel, le temps semble s’arrêter. Les secondes se ressemblent et notre esprit se voit comme emprisonné par des liens invisibles. Ces liens qui te tirent en arrière et contre lesquels tu dois lutter pour ne pas reculer.
Pourquoi ne viens-tu pas dans ces moments heureux, ancrés dans nos têtes, où nous voulions que le temps s’arrête ou du moins ralentisse pour pouvoir le vivre plus intensément ? Les fois où nous jouions avec notre meilleur ami et que l’heure de partir arriva plus vite que toi, Lenteur. J’aurais aussi aimé que tu viennes à moi, plus jeune, pour passer plus de temps insouciant et heureux de ne pas connaître la face sombre de notre monde.
Mais ce genre de regrets ne seraient-ils pas des regrets de luxe ? Ne devrait-on pas être heureux d’avoir pu vivre ces moments plutôt que de mettre la faute sur toi ?
Tu n’es pas parfaite et je sais que tu ne veux pas être méchante. Je me souviens d’ailleurs d’avoir vu ma maman heureuse à mon retour de camp. Ce jour-là, tu étais là. Je t’ai sentie auprès de moi et je le savais. Tu étais là pour mon bien. Je compte faire plus attention à toi et je vais essayer de comprendre les messages que tu m’envoies.
Meilleures salutations,
Gabriel